Vous êtes nombreux à vous poser la question de l’utilité de réaliser du sport le matin à jeun. Que ce soit le matin ou dans la journée le principe est de faire du sport le ventre vide et donc de pratiquer une activité physique très éloignée du dernier repas dans le but de déstocker les graisses plus rapidement et plus facilement.
Alors est-ce quelque chose d’efficace ? Est-ce plus efficace que de pratiquer une activité physique après avoir mangé, notamment après avoir mangé des glucides ? Y a-t-il des risques à ce genre de pratique ou au contraire avons-nous les mêmes résultats qu’en mangeant des glucides juste avant la séance d’entraînement ? Voici quelques éléments de réponse.
I. Le but du sport à jeun ?
Bien souvent, l’objectif de faire du sport à jeun et bien évidemment de perdre de la graisse. On a en tête que si l’on se lève avec peu de réserve en glucides, cela signifie que nous allons déstocker beaucoup plus facilement et plus rapidement les graisses. Malheureusement, tout ce que je peux vous dire c’est qu’il s’agit d’une idée reçue car faire du sport à jeun va effectivement vous aider à perdre du poids et de la graisse mais pas forcément de la meilleure des manières qu’il soit.
À mon sens, le sport à jeun peut être utilisé lorsque les personnes n’ont vraiment pas le temps au cours de leur journée pour pratiquer une activité physique mais il s’agit dans tous les cas d’une solution de secours. Attention, je ne dis pas qu'il ne faut pas en faire, je mets simplement en doute son utilisé et ses bienfaits pour le corps, c'est ce que nous allons voir maintenant.
II. Brûle-t-on plus de graisse à jeun ?
J'aimerais pouvoir vous dire oui, mais ce n'est pas si simple car effectivement les recherches scientifiques ont pu montrer qu'il n'y avait pas de différence entre les personnes qui mangent avant d'aller s'entraîner et les personnes qui s'entraînent sans avoir mangé avant (1).
Dans les deux cas, vous allez créer une dépense calorique et un stress dans votre organisme. Il faut bien faire attention avec cette notion de stress car un organisme qui est stressé alors que ses ressources énergétiques sont déjà amoindries a de fortes chances d’être un organisme qui va souffrir davantage, ce qui me paraît tout simplement logique. Et malheureusement, c’est votre intestin et notamment votre flore intestinale qui va en payer les frais à cause de ce que l’on appelle le phénomène d’ischémie-reperfusion. Pour faire simple durant votre effort le sang et oxygène sont redirigés vers les muscles et donc les vaisseaux sanguins des intestins sont rétrécis, la zone est moins irriguée. À la fin de l’activité physique les intestins vont être davantage irrigués en sang et en oxygène en recevant également les déchets produits par votre activité physique et notamment les radicaux libres qui sur le long terme peuvent être néfastes en diminuant l’assimilation de ce que vous ingérez, augmentant les risques de blessures tendineuses, diarrhées etc…
Effectivement, il faut penser au-delà du simple fait de la dépense calorique et de la perte de graisse c’est ce que nous allons voir juste après.
Non seulement vous n'utilisez pas plus de graisse, mais le fait de faire du sport dans ces conditions risque de créer ce que l’on appelle un état catabolique (3)(4)ce qui signifie que vous allez éventuellement dégrader des protéines pour produire de l’énergie, protéines constitutives de votre masse musculaire, bien plus que si vous avez mangé avant votre séance…
III. Alors, doit-on manger avant le sport ?
La perte de graisse est un processus complexe. En fait lorsque vous faites du sport vous brûlez des calories mais ses calories ne proviennent pas uniquement de la Grèce, ou de la graisse... LOL. Désolé de vous décevoir, si ça pouvait être aussi simple ce serait le paradis. Malheureusement quand on pratique une activité physique on utilise de la graisse, des glucides, et éventuellement des protéines. Les proportions d’utilisation de ses différentes ressources énergétiques vont dépendre de votre état nourri ou non mais également de l’intensité de l’activité physique que vous allez réaliser.
Connaissez-vous le terme EPOC ? ( Excess Post-Exercise Oxygen Consumption). Il s’agit de ce qu’on appelle en français la dette d’oxygène. Il faut comprendre que lorsque vous réalisez une activité physique notamment à une certaine intensité, vos cellules musculaires n’ont pas forcément la possibilité de fonctionner avec de l’oxygène. Pour faire ça, votre corps va créer ce qu’on appelle un déficit en oxygène, une sorte de dette. Et comme toute dette, il faut la rembourser (2). Pour se faire, votre organisme, votre métabolisme va fonctionner à un niveau supérieur à la normale de manière à permettre à votre corps de récupérer pour reconstruire ces réserves énergétiques et réparer les dégâts occasionnés pour pouvoir réoxygéner les tissus de manière stable. Bien entendu, ce processus est bien plus complexe qu’il n’y paraît mais je veux simplement que vous compreniez la logique, c’est un peu comme quand vous ressentez un essoufflement. Le temps que votre respiration revienne à la normale il s’est écoulé un certain délai.
Quel est l’intérêt ? Et bien pendant cette période après l’entraînement votre corps va déstocker les graisses et ce qu’il faut savoir c’est que si vous avez mangé avant votre entraînement, l’intensité de votre séance va pouvoir être supérieure, et votre dette d’oxygène également ce qui va se traduire par un meilleur destockage des graisses après la séance.
Conclusion :
Si il s’agit d’une habitude alors gardez-la uniquement si vous vous sentez bien mais si vous le pouvez essayer de placer une petite collation avant d’aller vous entraîner si vous vous entraîner le matin et prenez un bon repas ou un bon petit déjeuner en rentrant de votre séance. Contactez-moi pour avoir davantage d’informations et éventuellement mettre en place un suivi personnalisé de manière à optimiser vos résultats à travers vos pratiques personnelles.
Références :
1. Horowitz JF, Mora-Rodriguez R, Byerley LO,and Coyle EF. Substrate metabolism when subjects are fed carbohydrate during exercise. Am J Physiol 276(5 Pt 1): E828-E835, 1999.
2. Lee YS, Ha MS, and Lee YJ. The effects of various intensities and durations of exercise with and without glucose in milk ingestion on postexercise oxygen consumption. J Sports Med Physical Fitness 39: 341-347, 1999
3. Blomstrand E, Saltin B. Effect of muscle glycogen on glucose, lactate and amino acid metabolism during exercise and recovery in human subjects. Journal of Physiology. 514:293-302, 1999
4. Lemon PW and Mullin JP. Effect of initial muscle glycogen levels on protein catabolism during exercise. J Appl Physiol 48: 624-629, 1980.
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